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THE AUTHOR
An artist [ poetry, plays, short stories, painting and sculpture]. [June 2014]
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L'Arbre Amoureux Gérard Ducasse
L'arbre amoureux
Arbre! à quoi penses-tu au bord de la route?
- je rêve à la nuit
Arbre! que fais-tu couvert de la poussière du chemin?
- j'attend le vent
qui viendra me baigner comme un flot.
Déjà mes feuilles palpitent, et mon écorce
cassée, gerçée
sent les caresses tiédes de la brise qui vient pour me berçer.
Mes branches frémissent
à l'espoir de cette vague
qui m'enveloppe, m'envahit et me sature
de sa voluptueuse essence,
qui m'attire et m'étire sur son passage,
jusqu'à ce que je devienne vent,
mes feuilles vive senteur
mon écorce âcre tièdeur d'été.
Les pétales de mes fleurs glissent subtiles au fil de la brise
et mon parfum se dissout dans l'air chaud,
danse et vertige.
Arbre! que fais-tu au bord de la nuit?
- Mes bras
envoûtés par l'encens du ciel
se tendent, lents et longs, vers sa magie de miel.
Ma sève est ensorcelée
je ne suis plus qu'une tige qu'aspire l'espace.
Je suis transis d'amour vers la lune,
mes feuilles aimantées vers les étoiles.
Le rouge-gorge
Ce matin, en entrant au garage, j'y ai trouvé un rouge-gorge, qui se débattait contre la vitre illuminée d'une fenêtre faisant face au soleil levant. Chose étrange! la porte du garage était toute grande ouverte, et pourtant l'oiseau s'acharnait et s'exténuait contre ce panneau de verre, inondé de lumière. Je me suis dit " Voilà l'image même de l'artiste".
J'ai pris l'oiseau éffaré entre mes mains formées en coupe. Je l'ai apaisé en lui disant des paroles douces, comme j'en dis à mes petits malades pour les rassurer. L'oiseau s'est calmé, et je l'ai porté, fragile, dans un petit bosquet derrière la maison. Là, il a entendu les cris de sa compagne. Brusquement, il s'est envolé pour aller se poser sur la clôture. Longuement, il m'a regardé. Que se passait-il dans sa petite cervelle? Il a poussé un petit cri; puis il s'est envolé. Cher oiseau, cher ami, cher amour.
La descente aux enfers
Les feuilles sont douces et tendres. La lumière qu'elles tamisent se répand sur notre peau comme une huile bienfaisante. Écoutons chanter l'oiseau de feu ! Les dieux sont là. Chaque feuille cache un dieu; et ce dieu c'est "nous".
Bel oiseau! dont les ailes se frangent de couleurs d'arc- en- ciel, dont l'oeil unique palpite de multiples pépites d'or, oiseau des nuits, oiseau d'enfer, guide- nous.
Descendons! il fait noir! une lumière noire! L'oiseau magique nous précède, toutes plumes irisées par cette incandescence noire. Oiseau divin, aux pattes porteuses de la clé d'or, ouvrez- nous.
Descendons! Bronze, or, ivoire! nous sommes au centre d'un immense vertige. Nous sommes en Dieu et ce Dieu est "nous". C'est notre respiration et le bruit de notre coeur, et puis, ce n'est rien qu'être et dilatation, une dilatation immense, des pulsations de lumière diaphane, qui sont comme une prolongement de nos sens. Ne parlez pas de la mort. Chantez! cellules harmonieuses de mon corps. chantez et dansez. Notre corps écartelé sur la roue d'ivoire, qui n'est que l'axe de l'univers, tourne lentement alors que les extrêmités de nos doigts et de nos orteils frôlent les limites du monde.
L’arbre à chandelles
Il y a un arbre véritable, que j’ai vu de mes propres yeux, et non en rêve, et qui me revient à l’esprit avec le flot de mes souvenirs d’enfance. C’est l’arbre à chandelles.
C’est un soir d’hiver. Nous grelottons sous des couvertures amincies. Mes soeurs dorment déjà. Soudain, une étrange lueur apparait en dehors de la fenêtre de la chambre,
là, où pousse un arbre à feuilles palmées, aussi haut que notre maison. La lueur se précise. De grosses chandelles en cire jaune brûlent , assises dans les fourches des branches. Des flammes toutes droites, chose étrange par le vent et la pluie qu’il fait, s’élancent du miel translucent de ces chandelles, qui sont de formes différentes, les unes cylindriques, d’autres carrées, sphériques, ou moulées en prismes, pyramides ou cônes. Je contemple ce spectacle étonnant où la pluie et le vent fouettent, froissant les branches tandis que les flammes brûlent sans s'incliner. De temps en temps, il y a un petit grésillement, quand une goutte d’eau rencontre une flamme. Pourtant nulle flamme ne s’éteint. Les palmes dansent dans ce fouillis de lumières; parfois une feuille s’embrase dans un jaillissement d’or. Malgré le spectacle ensorcelant, je m’endors à force de fatigue.
Au matin, j’oublie mon expérience de la veille. Plusieurs jours plus tard, je m’en souviens en allant chercher une balle dans les branches du palmier. Là où étaient les chandelles, je ne trouve qu’une branche calcinée.
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